LES « SIRES » PUR-SANG DU SUD-OUEST EN 2022: ÉPISODE 4, JOHNNY BARNES
Alors que la saison de monte 2022 approche à grands pas, et qu’encore de nombreux éleveurs ne savent toujours pas à quels sires envoyer leurs juments, voici l’occasion de découvrir plus en détails les étalons pur-sang qui officieront dans le Sud-Ouest cette année. Intéressons-nous aujourd’hui à Johnny Barnes, un gagnant de Gr.3 déjà père de « black-type » avec sa première génération de 2 ans, stationné au Haras des Granges de Mathieu Daguzan-Garros.
Pour celles et ceux s’étant déjà rendus aux Bermudes d’avant l’année 2016 (année de sa disparition, ndlr), il vous a peut être été donné la chance d’apercevoir, et même de rencontrer, le plus grand ambassadeur de l’amour et du bonheur que cette Terre ait portée: Johnny Barnes. John James Randolf Adolphus Mills, de son vrai nom, était en effet un natif de cet archipel situé au large des États-Unis, en plein coeur de l’Océan Atlantique, et qui, pendant presque trente années de sa vie, restait de 3h45 à 10 heures du matin sur un giratoire d’Hamilton, la capitale, afin de saluer les banlieusard(e)s qui passaient par là pour se rendre à leur travail. Facilement reconnaissable à son chapeau de paille, sa barbe fournie et son impénitent sourire, il leur ouvrait grand les bras en répétant inlassablement des phrases telles « bien le bonjour !« , « je vous aime !« , « que Dieu vous protège !« . Sûr qu’après cela, la journée au bureau s’annonce nettement moins stressante…
Johnny Barnes, ou « Mr. Happy Man », véritable légende des Bermudes (© Alchetron)
Aussi, lorsqu’un autre Bermudien pur souche, Simon Scupham, décida de lancer sa propre écurie de courses en 2013 (Bermuda Racing, ndlr), il ne pouvait en être autrement pour que l’un de ses premiers représentants ne soit affublé du même nom que ce gentil illuminé. Un cheval auteur d’une prolifique carrière en course, de 2 à 5 ans, notamment à haut-niveau, et entamant en 2022 sa cinquième saison de monte au Haras des Granges de Mathieu Daguzan-Garros, dans le Gers, toujours au tarif de 2.500€ HT/PV la saillie.
Johnny Barnes, seigneur en son domaine au Haras des Granges de Mathieu Daguzan-Garros, dans le Gers
Acheté 310.000€ yearling par Jake Warren (Racing & Bloodstock Advisor de Bermuda Racing, ndlr) à l’Orby Sale de GOFFS Ireland, en 2013, Johnny Barnes a effectué toute sa carrière de course chez le grand – dans tous les sens du terme – John Gosden, pour qui il a passé le poteau en tête à quatre reprises et pris 206.857€ de gains. Vainqueur de deux courses à 2 ans, en plus d’une deuxième place dans le Critérium International (Gr.1), Johnny Barnes a ensuite remporté à 3 ans le Prix Quincey (Gr.3), à Deauvile, devançant alors ses aînés. Après une campagne à 4 ans en demi-teinte, n’ayant pu faire mieux « que » quatrième dans une Listed à Leicester (King Richard III Stakes ,ndlr), ce magnifique bai brun a retrouvé de sa superbe à 5 ans, dans les gros handicaps anglais disputés sur le sprint, remportant notamment le Grosvenor Sport Handicap de Goodwood, qui réunissait alors pas moins de 19 partants.
Johnny Barnes (à droite), lors de sa victoire dans le Prix Quincey (Gr.3), en 2015, à Deauville, sous la selle de Lanfranco Dettori (© APRH)
Issu du formidable père de pères Acclamation (Aclaim, Dark Angel, Equiano ou encore Mehmas, ndlr), Johnny Barnes a pour lui, en plus de son palmarès sportif, d’appartenir à une lignée de grands performeurs en plat. En effet, il a pour soeur la matrone Tonnara, une fille de Linamix ayant donné pas moins de cinq lauréats en piste, dont les gagnants de Gr.1 Most Improved (St James’s Palace Stakes) et Ectot (Critérium International et Joe Hirsch Turf Classic) devenus étalons, et père de nombreux vainqueurs, depuis. Il est également un frère de la bonne Albisola, sortie triomphante d’un Prix Imprudence (L.) en France, et un oncle des non moins doués Chartreuse (Prix La Sorellina, L.), Thikriyaat (Goodwood Thoroughbred St., Gr.3), Testa (Prix La Cochère, L.) et autre Daban (Nell Gwyn St., Gr.3 et 3ème 1.000 Guineas, Gr.1), qui ont tous performés à plusieurs reprises à haut-niveau.
Acclamation, le père de Johnny Barnes, lors de notre visite à Rathbarry Stud, en Irlande, en 2015
Entré au haras en 2018, directement au Haras des Granges de Mathieu Daguzan-Garros, Johnny Barnes a de suite bénéficié d’un bon soutien, non seulement de son étalonnier mais aussi de la part d’éleveurs tels Jean Biraben, Kévin Lafenêtre, Yves Frémiot ou encore Rémi Sabatier, qui lui valut de rencontrer pas moins de 78 juments au terme de sa première saison de monte. Avec des premiers yearlings vendus à un montant plus de cinq fois supérieur au prix de saillie en moyenne (!), et confiés ensuite à des entraîneurs très adroits avec les jeunes éléments, Johnny Barnes n’a pas attendu bien longtemps avant de goûter aux joies du succès en qualité d’étalon, grâce aux produits issus de sa première génération. En effet, Maroon Six, entraîné par Jane Soubagné, lui a offert ses deux premières victoires, à La Teste-de-Buch, et sa première performance « black-type », ce dernier s’étant ensuite classé tout proche deuxième du Critérium du Béquet (L.), sur ce même hippodrome girondin. Également nés en 2019, Grey Belle, Barneys Gift, The Dig et autre Johnny Dancer ont eux aussi passé le poteau en tête au cours de cette même année 2021.
Maroon Six, issu de la première génération de Johnny Barnes, vainqueur à deux reprises en 2021 en plus d’une deuxième place dans le Critérium du Béquet (L.) (© Robert Polin)
Beau, bon, bien né, et proposé, une fois encore, à un tarif on ne peut plus avantageux, Johnny Barnes a tout pour continuer à faire parler de lui dans le futur, d’autant que ses produits, âgés de 2 ou 3 ans, font l’objet de bruits flatteurs le matin, à l’entraînement, et ces deux côtés de la Manche. De quoi voir l’avenir en rose…comme un certain doux rêveur des Bermudes !