Goken, étalon alliant vitesse et précocité « Made in France »
Si nos voisins anglais et irlandais restent les maîtres dans ce qui est de faire entrer des étalons dont les premières générations sortent gagnantes dès l’âge de deux ans, la France peut aujourd’hui compter sur Goken, auteur d’un tonitruant début de saison, avec ses premiers produits déjà lauréats en piste. Un modèle de vitesse et de précocité, qui trouve ses racines dans une région faite pour produire des gagnants à deux ans : le Sud-Ouest.
Goken, actuelle tête de liste chez les étalons de première production en Europe
S’il est un étalon sur lequel tous les projecteurs sont braqués en ce début de saison, c’est bien Goken. En effet, les produits de l’étalon du Haras de Colleville font feu de tout bois depuis la reprise des courses le 11 mai dernier. Un enchaînement de victoires débuté par Livachope, qui restera comme son premier partant en course, auquel se sont ajoutés Tortola, La Neva, Trobreizh et enfin Axdavali, impressionnant lauréat du Prix du Berceau, dimanche dernier à Deauville. Un début de « success-story » qui puise ses origines dans le Sud-Ouest, une région réputée pour produire des chevaux performants dès l’âge de deux ans. Et ce n’est pas Alain Chopard, l’éleveur de Gosseley Chope, la mère de Goken, qui vous dira le contraire : « Je pense que, dans le Sud-Ouest, le climat est nettement plus propice pour faire mûrir les jeunes chevaux. Et puis, il ne faut pas se leurrer, nous n’avons pas les mêmes moyens que les grosses structures normandes : plus tôt nos pensionnaires vont aux courses, et mieux c’est pour nous ! Voilà pourquoi nous faisons en sorte d’élever des chevaux capables d’aller aux courses dès l’âge de deux ans ».
Le 11 mai dernier, Livachope offre la première victoire à son père, Goken, pour son premier partant
(Crédit photo: APRH)
Vitesse et précocité, voilà ce que l’homme à la tête du Haras des Faunes espérait trouver en ramenant avec lui Indian Rocket, le père de Gosseley Chope, des ventes de Newmarket en Angleterre. « Indian Rocket a été absolument remarquable à l’âge de deux ans : Il a couru sept fois, terminé à six reprises dans l’argent, dont quatre fois sur la plus haute marche du podium. Et puis, parmi ses premiers deux ans, un partant sur deux était gagnant ! Voilà pourquoi j’ai souhaité l’acheter et le ramener en France, comme je cherchais à rentrer un étalon apportant vitesse et précocité. À l’amiable tout d’abord, mais cela n’a pas fonctionné. C’est par l’entremise de Jean-Pierre Deroubaix, qui a acheté le cheval aux ventes, à Newmarket, pour le compte de Maxime Jarlan qui a ensuite placé le cheval chez moi ». Un choix qui s’est avéré payant puisqu’Indian Rocket est devenu le meilleur père de 2 ans en France en 2008. Un cheval, qui en est pour beaucoup dans l’ascension du Haras des Faunes dans le classement des meilleurs élevages français ces dernières années, et qui va alors croiser la route de Gooseley Lane, la grand-mère de Goken.
Indian Rocket, le grand-père maternel de Goken
« J’ai acheté Gooseley Lane, lors des ventes à Deauville en 2005. Elle avait couru cinq fois à deux ans et avait même remporté deux courses, dont une Listed à Cologne. Je ne me rends jamais aux ventes avec un gros budget. Je m’étais fixé 10.000€ comme limite mais suis monté jusqu’à 14.000€ pour arriver à mes fins. Le temps m’a donné raison d’avoir insisté : hormis 2/3 chevaux victimes de pépins à l’entraînement et une autre qui n’a jamais vu un champ de courses, tous ses autres produits sont gagnants, certains dès l’âge de deux ans ». À commencer par Gooseley Chope, son premier produit, devenue aujourd’hui la mère de Goken: « Gooseley Chope a été achetée par Cédric Boutin pour le compte de Guy Pariente lors de la toute première vente de yearlings Osarus, où elle en avait été le top price d’ailleurs (adjugée 34.000€, ndlr). Elle a couru à douze courses et en a gagné une, avant de rejoindre les boxes de Yannick Fouin à trois ans et de gagner dès sa première sortie sur les obstacles, à Enghien ».
Gosseley Chope, la mère de Goken
(Crédit photo: APRH)
Goken devient donc le premier produit de Gooseley Chope. Ce premier fils de Kendargent – né lui aussi dans le Sud-Ouest, au Haras des Granges de Mathieu Daguzan-Garros– à entrer au haras est lauréat à deux ans du Prix du Bois (Gr.3), puis à trois ans du Prix Texanita (Gr.3) avant de rejoindre l’effectif de Kevin Ryan, en Angleterre, et d’y remporter une Listed puis terminer troisième des King Stand Stakes (Gr.1) au prix d’une fin de course tout bonnement fantastique. Aussi lorsqu’il est entré étalon, au Haras de la Huderie, en 2017, Alain Chopard n’a pas hésité une seconde : « Il a tout pour faire des chevaux précoces et pour devenir leader chez les pères de deux ans. Moi qui n’ai plus quitté ma structure depuis 2001 pour emmener des juments se faire saillir, me voilà à aller jusqu’en Normandie lui emmener plusieurs de mes poulinières ! Je ne vous cache pas que j’aurai bien aimé l’accueillir chez moi, c’est vrai. Mais j’ai déjà dans la tête de faire entrer un autre cheval de ce genre, et ce dès l’an prochain. Un jeune étalon capable de produire vite et précoce, comme Goken ».
Un jeune étalon d’ores-et-déjà prometteur, aujourd’hui stationné au Haras de Colleville de son propriétaire, Guy Pariente, qui ne cesse de soutenir ses étalons à leurs débuts en leur envoyant fréquemment ses poulinières et qui engrange les victoires depuis quelques semaines, grâce à ses pensionnaires dont un certain Hurricane Cloud, le frère de Goken par Frankel lauréat en débutant à Saint-Cloud. Nul doute qu’au vu de ses résultats cette année, Goken risque de faire des émules pour la prochaine de saison de monte où de nombreuses juments du Sud-Ouest devraient faire le déplacement jusqu’en Normandie, celles d’Alain Chopard comprises.
Alain Chopard, l’éleveur de Gooseley Chope, la mère de Goken