Floranzi, une 1ère pour Jacques Ortet avec une « Lestorte » en droite lignée
Alors qu’il a régné sur l’hippodrome du Pont-Long pendant des lustres, Jacques Ortet a considérablement diminué son effectif et a gagné sa première course du meeting de Pau 2016/2017 avec Floranzi, un anglo-arabe élevé par Marcelle Lestorte, la fille du légendaire Emile Lestorte qui ressort un membre d’une ancienne très grande famille qu’on croyait disparu.
Floranzi sur la rivière des tribunes de Pau, monté par Alexis Poirier ©Robert Polin
Monté par Alexis Poirier, le 4 ans Floranzi, anglo à 13% par Anzillero avec une mère par Le Correzien, remporte par une encolure le Grand Prix des Pyrénées-Atlantiques face à Charly Malpic. Cette victoire n’est pas anodine du tout, surtout au point de vue humain, tant pour l’entraineur que pour l’éleveur. En effet, ancienne star des entraineurs en France, rival des Gallorini, Sécly ou Macaire, à la tête d’un effectif mammouth et quasiment invincible sur sa base de Pau, Jacques Ortet, l’homme avec qui Christophe Pieux avait décollé, a eu son dernier champion cheval avec Rubi Ball. Mais en seulement quelques années, son effectif a fondu comme neige au soleil. En 2001, Jacques Ortet établissait son record à 169 victoires. En 2010, il en gagnait encore 82. Mais il est tombé à 9 succès en 2015. Il en aurait de même en 2016 mais il a décroché une 10e victoire le 27 décembre grâce à à Floranzi, déjà en vu lors du meeting précédent à Pau lorsqu’il avait conclu 2e du Prix Emile Lestorte.
Jacques Ortet retrouve le cercle des vainqueurs à Pau, avec Floranzi et Alexis Poirier ©Robert Polin
Justement, cet Emile Lestorte, véritable légende de l’élevage d’anglo-arabe en particulier et toutes les races de courses dans le Sud-Ouest en général, et dont le souvenir reste très présent même 50 ans après sa mort, est à l’origine de Floranzi. Cette souche remonte à la base à une famille de pur-sang de renomée internationale, où on retrouve un gagnant de Kentucky Derby (Broker’s Tip), un vainqueur du Grand Prix de Saint-Cloud (Bahadur) ou le chef de race international Roberto ! Entre deux guerres, et jusque dans les années 50/60, à l’époque de l’âge d’or de l’élevage dans le sud-ouest, les éleveurs locaux détenaient pléthore de juments qu’on dirait aujourd’hui « black-type » et se permettaient d’en croiser certaines avec des étalons arabes. C’est ce qu’Emile Lestorte, basé au Haras de Saint-Vincent près de Tarbes (aujourd’hui repris par Thierry Dalla Longa), fit avec une certaine Taiga (soeur de Bahadur), croisée par l’arabe Denouste, ce qui a donné Trevise en 1934. Celle-ci sera la fondation de la très grande famille des « T » mais qui avait pratiquement disparu de nos jours, à cause des heures du temps qui passe mais aussi par les vagues d’achats massives de la part des investisseurs japonais qui ont acheté pendant des années ce qui se faisait de mieux en anglo-arabie pour alimenter un riche programme nippon. Ils ont acheté tous les « T » possibles, et aussi les meilleurs fils de Thalian, membre de cette souche qui fut un brillant étalon, un père de mères de génie mais pas un père de pères, par défaut de candidats…
Emile Lestorte avec Traviata III, une championne de la famille
Pour faire bref, on a eu quelques rares résurgences de cette famille dans les dernières décennies, notamment l’excellent Sarako, lauréat du Grand Cross de Craon. Et voilà qu’un demi-siècle après la mort du patriarche, s’impose à Pau ce Floranzi, arrière-petit-fils de la championne Toscafleur (1970, Monfleur), mère de 9 vainqueurs, et issue de cette grande famille. Hors, il a été élevé par Marcelle Lestorte, qui n’est autre que la fille d’Emile Lestorte ! La mère Florezienne, âgée de 19 ans lors de la naissance du fils d’Anzillero, donne enfin son 1e vainqueur… Elle avait eu 4 produits déclarés à France Galop entre 1998 et 2001 dont un fils de Cadoudal, qui ont tous couru mais sans succès, puis avait été saillie par plusieurs chevaux de selle et de sport.