DISPARITION DE GILLES CHAIGNON : « ADIEU MES AMIS, ADIEU MA FAMILLE »
Grande figure des courses d’obstacle, éminemment sympathique et ami sincère, Gilles Chaignon s’en est allé dans cette nuit dimanche 12 au lundi 13 novembre, chez lui à Genêt près de Dragey dans la Manche, peu après être rentré d’Auteuil où il avait sellé ce qui restera comme l’utime partant d’une grande carrière professionnelle couronnée par des vedettes de l’obstacle : Fujiyama, Urga, Corval, First Gold, Extrien, Hawkso, qu’il avait pour la plupart élevé lui-même.
Gilles Chaignon (photo APRH)
Fils et héritier du légendaire Roger Chaignon, l’homme qui restera comme le pionnier fondateur de l’entrainement à Dragey, Gilles Chaignon aura donc signé sa dernière victoire avec Sickyl Papa le 26 octobre à Chantilly. S’il est est assez surprenant que ce succès soit survenu en plat, car celui qu’on appelait affectueusement Gilou était un grand spécialiste de l’obstacle et même du cross, l’âge du lauréat, 10 ans, témoignait bien de la capacité de l’éleveur entraineur à faire vieillir ses pensionnaires. D’ailleurs, l’un des plus grands champions Corval (Pot d’Or), vainqueur du Grand Cross de Pau en 2001, a encore conclu 3e de cette épreuve à l’âge canonique de 14 ans en 2004.
Gilles Chaignon avec Sickyl Papa pour sa dernière victoire, le 26 octobre à Saint-Cloud.
Cavalier hors pair malgré sa grande taille, donc devenu rapidement entraineur tout en continuant à monter à cheval tous les jours sur ses chères dunes de Dragey, Gilles Chaigon avait réussi une grande carrière depuis sa base de Brion à Dragey. Vanidor lui avait offert sa 1e victoire à Auteuil, où il a brillé plus tard avec le fameux Urga, tout petit cheval doté d’un coeur exceptionnel, un véritable poulidor qui aura fait l’arrivée des plus beaux steeple d’Auteuil pendant 7 années consécutives. Egalement associé à Philippe Bréchet, ancien gentleman d’exception, aujourd’hui père de Léo-Paul Bréchet, Fujiyama avait offert à la famille Chaignon, avec sa femme François et ses deux enfants Jean-Victor et Gabriel, un 2e Grand Cross de Craon après celui de Quick Day en 1991. Parmi les noms les plus connus de la maison Chaignon, citons également Solaine, Vanidor, Hawsko, Lifesize, Extrien et plus récemment Ultragold, Ultraballe, Ultranet, Vol de Brion.
Eleveur de la plupart de ses pensionnaires, sur une 50aine d’hectares en bord de mer, Gilles Chaignon a connu aussi de grands succès avec ses élèves Outre-Manche comme Djeddah, Extra Jack, Union Jack, Ciel de Brion, dont certains passés dans les mains de François Doumen. Ce dernier a d’ailleurs entrainé le plus grand champion de tous ses élèves: First Gold. Car si Roger Chaignon était l’éleveur officiel du gagnant du Grand Steeple-Chase de Paris 1998, c’est bien Gilles et Françoise qui ont fait le croisement, fait naître puis élever le cheval avant de le débourrer, entrainer et de le façonner doucement lors de ses premières sorties en plat et en haies.
Le jeune cavalier Gilles Chaigon (à droite), avec Alain Jouenne, et son père Roger Chaignon (à droite)
Mais les choses ne tournaient plus rond depuis plusieurs années. Dans ce milieu compétitif, les chutes sont brutales et la marque Chaignon s’était malheureusement vite ternies. Alors qu’il avait quitté sa maison d’origine et rompu depuis quelques années, avec sa famille la plus proche, Gilles Chaignon est venu pour une dernière fois à Auteuil le dimanche 12 novembre pour y seller Igloo Igloo, qui restera son dernier, dans l’épreuve de cloture des 48H de l’obstace. Puis il est rentré chez lui, seul au volant. Dans la nuit, à 1H20 très précisement, il a posté ce message sur Facebook, « Adieu mes amis, adieu ma famille« . Il a été retrouvé pendu ce lundi matin.
Gilles Chaignon avec Lifesize, surnommé Louis XVI.
Nous retriendrons plein de choses de l’ami Gilles, sa générosité non feinte, son infinie patience et sa bienveillance tant à l’égard des chevaux que des hommes, même de ceux qui pouvaient en abuser. Surnommé « la vapeur » dans sa jeunesse de gentleman-rider, il avait le sourire naturel et un sens pointu de l’autodérision. Evidemment, tant ses souvenirs partagés de la grande époque époque remontent en rédigeant ces lignes. Il avait avoir 66 ans. Triste gâchis. A sa femme Françoise qui l’avait rencontré il y a 40 ans, à ses deux fils Jean-Victor et Gabriel, à sa famille et ses amis, France Sire adresse ses plus sincères condoléances.