Korfou de Maspie, la grand-mère contre du vieux matériel
Korfou de Maspie lors de victoire dans le Grand Steeple-Chase d’Enghien, le 25 octobre 2014, sous la selle de Bertrand Lestrade. (photo APRH)
Lui qui tente le doublé du roi d’Enghien, c’est à dire de remporter la Grande Course de Haies dans la foulée du Grand Steeple, Korfou de Maspie vient du Sud-Oust. Il a été élevé par un homme qui porte fièrement ses 86 ans et parle avec un accent bien prononcé. Armand Teulé, ancien marchand de bestiaux de la région paloise, a fait naître le dernier vainqueur du Grand Steeple-Chase d’Enghien dans son village de Maspie à 25 kilomètres de Pau dans les Pyrénées-Atlantique. Ce frère d’Anik et neveu de Gorfou de Maspie est issu d’une grand mère achetée dans des circonstances surprenantes.
C’est incroyable comme les champions de l’obstacle sont source d’histoire à raconter à ses petits-enfants. Lui qui a le profil type du grand-père, pas grelottant au coin du feu car ce solide gaillard ressemble plus à un vieux chêne qui déclame avec une voix de stentor comme au micro de l’assemblée de l’ECCSO en janvier 2014. Il recevait alors un prix pour les performances d’Anick de Maspie, un fils de Panoramic qui avait alors remporté le Prix André Adèle à l’âge canonique de 11 ans à l’automne 2013 à Auteuil. Le suffixe de Maspie s’était fait connaître en 2003 avec Gorfou de Maspie, lauréat du Prix Jean Stern (Gr.2) à Auteuil en 2003 chez Jean-Paul Bernhart. Tout cela vient de chez éleveur qui a débuté à plus de 70 dans des circonstances abracabrantes.
Korfou de Maspie sur la rivière des tribunes.
» Je faisais le commerce des bestiaux et donc un peu des chevaux. Un jour un voison me vend un poulain pur-sang sans papier car il n’avait pas pu payer la saillie. Je revends le poulain à une foire du coin. Je revois un peu plus tard l’acheteur qui vient vers moi et me prend le bras. Je croyais qu’il voulait m’en mettre une mais en fait il me félicitait car le poulain sautait comme un Dieu. Malheureusement, il n’était plus possible d’obtenir les papiers. Peu après, le même voisin me demande si je ne veux pas échanger du vieux matériel contre la mère du produit sans papier en question. J’ai accepté et j’ai donc récupéré Mygorfou, ma 1e jument. Je n’ai eu qu’elle et sa fille Vagueline de Maspie. Celle-ci n’a pas pu courir car elle évait malformée de naissance, l’herbe qu’elle mangeait lui ressortait par le nez. » D’emblée, Mygorfou, fille de Gorfou avec une mère par Lucky Dip, donne avec Saratogan du bonne jument de course, Fille de Maspie, qui s’impose à 9 reprises. Gorfou de Masipe est son avant-dernier produit, née alors qu’elle avait 17 ans. Il a début sa carrière dans le Sud-Ouest chez Jacques Dupin avant d’être réclamer à l’issue d’une victoire pour sa 1e sortie à Auteuil. Armand Teulé conserve la femelle handicapée, Vagueline de Maspie, par Vaguely Pleasant.
Elle m’a donné Anick de Maspie, mais aussi beaucoup de femelles qui ont eu du mauvais caractère. J’avais eu Anick en pension chez Philippe Boisgontier en début de carrière, mais il me l’avait rendu car il était tout le temps malade. Ensuite, Jacques Chérel a acheté Korfou (NDRL : un fils du pourtant décevant Fairly Ransom). Déjà riche de 8 victoires pour 33 courses alors qu’il n’a que 5 ans, Korfou de Maspie atteint presque les 350.000 € de gains. » Ensuite, j’ai un 4 ans chez Jacques Ortet, Balkino de Maspie (Balko) et un 2 ans qui est parti chez Jacques Chérel, Olan de Maspie par Policy Maker. C’était mon dernier produit. La mère était vieille et à mon âge, j’ai préféré arrêter. » Peut-être pas arrêter de toucher des primes à l’éleveur en tout cas, à commencer par le jeudi 19 novembre puisque Korfou dispute le Prix Leopold d’Orsetti (Gr.3), la Grande Course de Haies d’Enghien.