DISPARITION DE JOHNNY BARNES, L’ÉTALON « BE HAPPY » DU HARAS DES GRANGES

Ancien vainqueur du Prix Quincey (Gr.3) sous la férule de John Gosden, et rapidement mis à l’honneur avec les résultats en course de ses premières générations, Johnny Barnes s’en est malheureusement allé dans sa 11ème année, au Haras des Granges, où il officiait depuis ses débuts comme reproducteur.

 

Johnny Barnes, une perte tragique pour Mathieu Daguzan-Garros et toute son équipe du Haras des Granges

 

La nouvelle est tombée hier au soir. Johnny Barnes, l’un des trois étalons du Haras des Granges, s’en est malheureusement allé dans sa 11ème année. En effet, il a été découvert inanimé dans son box en ce matin du mardi 30 mai. Une autopsie a été réalisée, mais n’a encore pu déterminer les causes précises de la disparition aussi soudaine que brutale de cet étalon qui en aura marqué plus d’un, dans bien des registres d’ailleurs.

 

 

Sous la férule experte de John Gosden, ce représentant de Simon Scupham (Bermuda Racing) a en effet réalisé de très belles choses en plat, ayant passé le poteau en tête à quatre reprises et récolté quelques 206.857€ de gains. Vainqueur de deux courses à 2 ans, en plus d’une deuxième place dans le Critérium International (Gr.1), Johnny Barnes a ensuite remporté à 3 ans le Prix Quincey (Gr.3), à Deauville, où il devançait ses aînés. Après une campagne à 4 ans en demi-teinte, n’ayant pu faire mieux « que » quatrième dans une Listed à Leicester (King Richard III Stakes, ndlr), il est ensuite parvenu à redorer son blason à 5 ans, dans les gros handicaps disputés sur le sprint, ayant notamment épinglé le Grosvenor Sport Handicap de Goodwood face à pas moins de 18 autres concurrents.

 

Johnny Barnes (à droite), lors de sa victoire dans le Prix Quincey (Gr.3), en 2015, à Deauville, sous la selle de Lanfranco Dettori (© APRH)

 

Outre ses performances en piste, Johnny Barnes laissait aussi rêveur de par sa génétique. Fils d’Acclamation, père de pères exceptionnel (AclaimDark AngelEquianoMehmas, etc.), il avait pour soeur la matrone Tonnara, une fille de Linamix à l’origine notamment des gagnants de Gr.1 Most Improved (St James’s Palace Stakes, ndlr) et Ectot (Critérium International et Joe Hirsch Turf Classic, ndlr), devenus eux aussi étalons et père de nombreux vainqueurs par la suite. Il était également un frère de la bonne Albisola, victorieuse d’un Prix Imprudence (L.) en France, et un oncle des non moins doués Chartreuse (Prix La Sorellina, L.), Thikriyaat (Goodwood Thoroughbred St., Gr.3), Testa (Prix La Cochère, L.) et autre Daban (Nell Gwyn St., Gr.3 et 3ème 1.000 Guineas, Gr.1), tous d’excellents performeurs à haut-niveau.

 

Johnny Barnes, un étalon des plus attachants

 

Arrivé au Haras des Granges de Mathieu Daguzan-Garros à l’orée de la saison de monte 2018, grâce au concours de Richard Venn, Johnny Barnes y aura finalement passé toute sa carrière de reproducteur. Beaucoup trop courte, hélas. Véritable ami des éleveurs, car proposé six saisons durant au tarif inchangé de 2.500€ la saillie, les éléments de sa première génération ont eu tôt fait de se distinguer. Non seulement sur les rings, avec des yeralings vendus plus de cinq fois le prix de saillie en moyenne. Mais aussi sur les pistes, grâce aux succès de chevaux comme Maroon Six, qui lui avait offert ses deux premières victoires en tant qu’étalon, mais aussi sa première performance black-type, en se classant deuxième du Critérium du Bequet (L.), à La Teste-de-Buch, en 2021. Soit une année avant qu’un autre de ses produits, Hayejohn, ne s’adjuge le Prix des Jouvenceaux et des Jouvencelles (L.), lors de la grande semaine de Vichy.

 

Hayejohn, fils de Johnny Barnes, lors de sa victoire de l’an dernier dans le Prix des Jouvenceaux et des Jouvencelles (L.), à Vichy (© APRH)

 

Beau, bon, très bien né, et à l’origine de plus en plus de gagnants au fil du temps, Johnny Barnes se distinguait aussi par son infinie gentillesse, semblable à celle de l’énèrgumène utopiste du même nom, un brave homme ayant passé une trentaine d’années à « distribuer de l’amour et du bonheur » aux passants du carrefour le plus usité d’Hamilton, la capitale des Bermudes. « Un amour », « un poney », « un nounours », sont d’ailleurs quelques-uns des surnoms que lui attribuaient affectueusement Mathieu Daguzan-Garros et toute son équipe du Haras des Granges, tant il était agréable à s’occuper au quotidien. C’est donc peu dire que ce dernier va leur manquer. À eux et à bien d’autres.