Prix de Diane pour Valyra : c’est plus facile à dire après !
Une « Aga Khane » gagne le Prix de Diane…Quoi de plus normal finalement vu la réussite habituelle du Prince chez lui à Chantilly dans cette course en particulier. Sauf que Valyra n’avait pas le meilleur profil à priori. Explications.
Soyons clairs. Si Valyra est partie à l’entrainement chez Jean-Claude Rouget, c’est qu’elle n’a pas été jugée digne, yearling, d’intégrer les écuries cantiliennes d’Alain de Royer-Dupré, qui ne peuvent de toute façon pas "avaler" toute la production. C’est évidemment un grand luxe que de se payer Rouget, un des meilleurs entraineurs de France, comme responsable du 2e choix, mais l’Aga khan peut se le permettre, et comme cela, tout le monde à sa chance finalement, la preuve en ce dimanche de Prix de Diane avec la victoire de Valyra, entrainée à Pau.
Sous la casaque de l’Aga Khan, Valyra (Johnny Murtagh) prend l’ascendant sur la favorite Beauty Parlour (Christophe Soumillon), tandis que sous la casaque de Cheikh Joaan Al Thani, fils de l’Emir du Qatar, Rjwa prend la 3e place. (PHOTOS APRH)
" Je suis très content que Jean-Claude n’entraîne pas que les seconds couteaux ", expliquait dans un très large sourire Georges Rimaud, le manager de la casaque, quelques temps après être redescendu sur terre, lui qui levait les bras plus haut que jamais tout au long de la ligne droite. Avant coup, la pouliche n’avait gagné que 2 courses non black-type et on imagine aisément que le grand Georges, faisait confiance à son entraineur, avait du peser de toute son influence pour convaincre du bien fondé de la supplémenter au prix de 55.000 €, de la faire monter à Paris et de faire venir le jockey Johnny Murtagh d’Irlande, alors qu’il y avait déjà 2 femelles de l’Aga Khan de très haut niveau dans la course (Dalkala et Sagawara), et donc que l’ajout d’une 3e couche non garantie ne pouvait pas du tout sembler nécessaire.
" C’est une petite fille de Linamix. On sait très bien que cela donne beaucoup de qualités, mais pas de grand modèle." De fait, au moment de la notation des yearlings par l’équipe de l’Aga Khan, Valyra malgré sa souche "V" de Lagardère (voir ci-dessous), n’a pas été bien classé, et a pris la route de Pau. Nouvelle preuve que tant qu’on n’est pas monté dessus, la qualité d’un yearling reste un mystère absolu.
Explosion de joie dans le clan palois de Valyra, entrainée par Jean-Claude Rouget
Et puis après tout, quand on est propriétaire d’étalons comme l’Aga Khan, la meilleure gagnante des 3 candidates ne peut être que celle issue de son propre étalon maison Azamour comme Valyra, plutôt que du "Cheik Mohammed" Shamardal comme Sagawara ou du "Coolmore" Giant’s Causeway comme Dalkala. Ancien champion des distances intermédiaires, désormais installé à Gilltown Stud en Irlande, Azamour avait besoin de produire à 11 ans son 1e gagnant de Gr.1. Cela est fait dans une des courses les plus reconnues dans la monde, et assure donc une bonne vente de saillies au printemps 2013. Il n’y a pas de mal à se faire du bien…
Alors non, même si Christophe Soumillon, partenaire de la favorite et finalement dauphine Beauty Parlour, ancien 1e jockey de l’Aga Khan, avait écrit très justement dans Paris-Turf la veille de la course que celle du trio vert et rouge qu’il craignait le plus était Valyra, cette victoire ne s’est pas faite dans une voie la plus royale du monde.
Capable de gagner sur toutes les distances, Azamour (Mick Kinane) remporte ici les St James’s Place Stakes à Ascot en 2004 devant Diamond Green (Gary Stevens).
L’Aga Khan peut en tout cas se féliciter de l’acquisition en bloc de l’élevage du défunt Jean-Luc Lagardère en 2005, car les fruits qu’ils en tirent sont toujours plus nombreux. Deux de ses trois partantes de l’édition 2012 du Diane proviennent de souches Lagardère. Et celle de Valyra est particulière car descendant de la matrone Vadsa, la 1e pouliche que l’ancien grand industriel a acheté aux Etats-Unis en 1980. C’est la méthode qui a fait ensuite sa fortune grâce au croisement de ces juments avec son étalon miracle Linamix.
Mais cela ne s’est pas fait tout de suite avec cette famille, qui a du supporter quelques-uns des croisements calamiteux que Lagardère avaient l’habitude de faire jusqu’à l’arrivée de Linamix. Soeur d’une gagnante de Gr.3 aux USA par le remarquable Halo, Vadsa a enfin effet fait la triste rencontre de Bikala, étalon mauvais au possible, pendant ses 4 premières années de monte ! Mais Vadsa a donné 14 produits dont un seul ne s’est pas imposé. Donc les 4 Bikala ont gagné, dont Vadlava, placée de Listed. De cette dernière descendent une impressionnante série de grands vainqueurs : Vahorimix, Vadawina, Val Royal, Vadlawys, Valixir, Vadapolina, etc…
La mère de Valyra, nommée Valima et grise comme son père Linamix, s’était imposée dans le Prix Imprudence, sous la selle de Christophe Soumillon.
Et pourtant pour en arriver à Valyra, il y a eu le croisement de Vadlava avec Always Fair, un autre étalon de sinistre mémoire, qui a donné Vadlwysa, gagnante d’une course C à Saint-Cloud, et dont la production finalement n’a pas été très bonne. Mais enfin est arrivé Linamix et un 2e souffle de gaz dans cette branche. Le croisement de Linamix avec Vadlawiysa a donné le douée Valima, gagnante du Prix Imprudence (devenu Gr.3 aujourd’hui) avant de produire beaucoup plus régulièrement que sa mère. En effet, Valiyra est son 3e produit, après deux très bons sujets : Valasyra (Sinndar), gagnante disqualifiée du Prix Flore (Gr.3) et Valiyr (Alhaarth), lauréat du Prix Matchem 2011. Suivent un 2 ans par Nayef et une foal par...Sea The Stars !
Il est donc tout à fait évident que Linamix a apporté non pas du modèle mais un ciment de régularité à la branche. En tout cas, il y a eu déclic, car plusieurs femelles de cette souche avaient tenté en vain l’aventure dans le Diane, comme Valasyra (la soeur de Valyra, leader de Sarafina en 2012), Vadlamixa, Vadawina et Vadapolina. Maintenant, cette famille a gravé son "V" de la victoire dans le Prix de Diane.